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Politique de la Watchtower concernant les cas de pédophilie

Alors que les Témoins de Jéhovah dans leur ensemble abhorrent la pédophilie et que la Watchtower dénonce les abus sexuels sur les enfants, des politiques défaillantes et intéressées ont contribué à des actes pédophiles qui auraient pu être évités dans l'organisation. Il en a résulté des milliers d'enfants victimes et de parents désemparés et des millions de dollars en indemnités payées par la Société Watchtower.

La Watchtower a fait l'objet d'énormes critiques dans le monde entier pour ses politiques en matière de pédophilie et d'une multitude de reportages dans les médias. Silentlambs.org donne de nombreux exemples qui mettent en lumière l'ampleur des atteintes sexuelles envers les enfants parmi les Témoins de Jéhovah. Cela s'étend aux éminents anciens au Béthel, comme Jesus Cano, qui a distribué des photos de lui nu à de jeunes hommes dans les aéroports pendant qu'il voyageait pour donner des discours à une assemblée de district, et qui a été arrêté en juin 2006.1

La situation des Témoins de Jéhovah à l'égard des pédophiles rappelle celle de l'Église catholique. Le New York Times a cependant noté une différence entre la pédophilie chez les Témoins de Jéhovah et chez les catholiques. Dans l'Église catholique :

"La plupart des personnes accusées d’abus sexuels sont des prêtres et la grande majorité des victimes étaient des garçons et des jeunes hommes. Chez les Témoins de Jéhovah, certains des accusés sont des anciens, mais la plupart sont des membres de la congrégation. Les victimes qui se sont manifestées sont surtout des filles et des jeunes femmes, et beaucoup d'accusations impliquent l'inceste." Le 11 août 2002 (traduit de l’anglais)

Il y a plusieurs raisons pour lesquelles des pédophiles ont pu trouver refuge parmi les Témoins de Jéhovah et que la Société Watchtower est maintenant tenue responsable des actions de ses membres. Les plus dommageables, et décrites en détail ci-dessous, étaient les suivantes :

  • La règle des deux témoins pour établir les crimes selon les Écritures
  • La règle des trois ans pour les péchés des anciens

D'autres concepts sont également en jeu :

  • On ne peut pas faire confiance à la sagesse du monde
  • On ne doit pas jeter l’opprobre sur l'Organisation de Jéhovah - On attend des Témoins qu'ils règlent les problèmes entre eux, au sein de l’Organisation
  • Chacun doit s'engager dans la prédication

Ce n'est qu'à la fin des années 1990, en particulier depuis 1997, que la Watchtower a tenté d'améliorer sa politique concernant les abus sexuels sur les enfants, à la suite de pressions juridiques et médiatiques. Cependant, en juillet 2015, la Commission d’enquête royale australienne sur les réponses institutionnelles aux crimes pédophiles a montré que les politiques de la Watchtower sont encore bien loin des pratiques acceptables.

Ce qui suit inclut les procédures passées et actuelles de la Watchtower.

La règle des deux témoins

La faille fondamentale de la politique concernant les abus sexuels sur mineurs de la Watchtower était une application inflexible de la règle des "deux témoins". Jusqu'à la fin des années 1990, la politique choquante de la Watchtower exigeait que deux témoins soient présents durant le même rapport sexuel pour que l’agresseur soit considéré comme ayant commis une transgression biblique. Dans le cas des agressions sexuelles sur les enfants, il n'y a presque jamais deux témoins. Cela signifiait que même lorsque plusieurs enfants accusaient le même frère, les anciens ne devaient pas agir. En l'absence de deux témoins, le seul moment où il était possible de prendre des mesures était lorsque l'accusé avouait. Les anciens étaient au courant de l'existence d'agresseurs sexuels d'enfants en série, mais aucune mesure n'était prise, ni au sein de la congrégation, ni en contactant la police. Il est incompréhensible que le Collège Central ait pu approuver une telle politique.

La Tour de Garde du 1er Nov 1995 p. 28-29 donnait les conseils suivants concernant les accusations d’abus sexuels sur les enfants.

"Que peuvent faire les anciens ?

Quand un membre de la congrégation vient trouver les anciens et leur explique qu’il souffre de réminiscences ou de “souvenirs refoulés” d’abus sexuel alors qu’il était enfant, deux anciens sont généralement chargés de lui apporter de l’aide. Avec bienveillance, ils encourageront l’affligé, dans un premier temps, à chercher à surmonter sa détresse affective. Le nom de tout agresseur présumé devra être tenu strictement confidentiel.

Le rôle premier des anciens est d’agir en bergers (Ésaïe 32:1, 2; 1 Pierre 5:2, 3). Ils veilleront particulièrement à ‘se revêtir des tendres affections de la compassion, ainsi que de bonté, d’humilité d’esprit, de douceur et de longanimité’. (Colossiens 3:12.) Ils écouteront avec bienveillance, puis feront usage des paroles curatives des Écritures (Proverbes 12:18). Des personnes souffrant de “souvenirs” pénibles ont été reconnaissantes de ce que les anciens leur rendent régulièrement visite ou même leur téléphonent pour prendre des nouvelles. Ces conversations ne sont pas nécessairement longues, mais elles montrent que l’organisation de Jéhovah se soucie de telles personnes. Le chrétien souffrant qui constate l’amour sincère de ses compagnons retrouvera peut-être plus facilement une bonne part de son équilibre affectif.

Que faire si l’affligé décide de porter une accusation*? Dans ce cas, les deux anciens peuvent l’informer que, conformément au principe exposé en Matthieu 18:15, il devrait en parler personnellement à l’accusé . Si, affectivement, le plaignant n’est pas en mesure d’affronter l’accusé, il peut le faire par téléphone ou par courrier. De cette façon, l’accusé aura la possibilité de faire une déclaration solennelle devant Jéhovah pour répondre à l’accusation. Il sera peut-être même en mesure de prouver qu’il n’a pas pu commettre l’agression. Ou alors, l’accusé avouera peut-être et l’on parviendra éventuellement à une réconciliation. Quelle bénédiction ce serait! S’il y a aveu, les deux anciens pourront continuer de traiter l’affaire conformément aux principes bibliques.

Si l’accusation est niée, les anciens devraient expliquer au plaignant qu’ils ne peuvent rien faire de plus dans le domaine judiciaire . Et la congrégation continuera de tenir l’accusé pour innocent. La Bible spécifie qu’il doit y avoir deux ou trois témoins pour qu’une démarche judiciaire soit entreprise (2 Corinthiens 13:1; 1 Timothée 5:19). Même si plusieurs plaignants se “souviennent” avoir subi des sévices de la même personne, la nature de ces souvenirs est en soi trop incertaine pour servir de fondement à des décisions judiciaires s’il n’y a pas d’autres éléments à charge. Cela ne signifie pas que ces “souvenirs” sont considérés comme mensongers (ou comme authentiques). Mais quand on juge une affaire, il faut respecter les principes bibliques.

Que faire si l’accusé, même s’il nie son méfait, est réellement coupable? Va-​t-​il s’en tirer “à bon compte”? Certainement pas! La question de sa culpabilité ou de son innocence peut être remise en toute confiance entre les mains de Jéhovah. “Les péchés de certains hommes sont manifestes pour tous et mènent tout droit au jugement; mais, chez d’autres hommes, leurs péchés aussi deviennent manifestes, par la suite.” (1 Timothée 5:24; Romains 12:19; 14:12). Le livre des Proverbes dit: “L’attente des justes est une allégresse, mais l’espoir des méchants périra.” “Quand meurt un homme méchant, son espoir périt.” (Proverbes 10:28; 11:7). En dernier ressort, Jéhovah Dieu et Jésus Christ prononceront un jugement éternel en toute justice. — 1 Corinthiens 4:5.

Dans la Lettre aux Anciens du 24 mai 2002, après une publicité négative continue, la Watchtower est parvenue à la conclusion que la règle des deux témoins pouvait désormais être considérée biblique lorsque les accusations provenaient de deux incidents distincts, une admission tacite que leur stricte adhésion au principe des deux témoins n'avait, après tout, pas été une exigence de Jéhovah. C’est encore insatisfaisant, car une seule accusation devrait certainement compter lorsqu'elle est étayée par des preuves tangibles, telles que de nature médicale.

"Au cours des dernières semaines, la presse de ce pays a attiré l'attention sur la façon dont les accusations d’abus sexuels sur les enfants sont traitées par diverses organisations religieuses. De tels rapports peuvent amener certaines personnes sincères à poser des questions sur les procédures suivies par les Témoins de Jéhovah.
Nous nous attendons à ce que les anciens enquêtent sur toutes les allégations d’abus sexuels envers les enfants. Même un seul enfant abusé est un enfant abusé de trop. Cependant, en examinant les preuves, ils doivent garder à l'esprit l'orientation claire de la Bible : « Nul ne pourra, sur la déposition d’un seul témoin, être déclaré coupable d’une faute ou d’un péché qu’il aurait pu commettre. Tout fait sera établi sur la déposition de deux témoins ou sur la déposition de trois témoins » (Deutéronome 19:15.) Plus tard, Jésus a confirmé cette exigence de considérer le témoignage de deux ou trois témoins. (Matthieu 18:16.) Ainsi, bien qu'ils enquêtent sur chaque accusation, les anciens ne sont pas autorisés par les Écritures à faire une action collective sans confession ou la présence de deux témoins crédibles. Cependant, si deux personnes sont témoins d'incidents distincts du même type d'actes répréhensibles, leur témoignage peut être jugé suffisant pour prendre des mesures. "1 Timothée 5:19,24,25." - À TOUTES LES CONGRÉGATIONS DES ÉTATS-UNIS Lettre aux Anciens du 24 mai 2002 (Traduite de l’anglais)

Dans le cas des agressions sexuelles sur les enfants, cela n'est pas encore suffisant et dans l'intérêt des enfants de la congrégation, des précautions doivent être prises dès qu'il y a une accusation, même d'un seul témoin.

La Watchtower tente de déplacer la responsabilité de sa politique sur Dieu et la Bible.

"La Bible spécifie qu’il doit y avoir deux ou trois témoins pour qu’une démarche judiciaire soit entreprise (2 Corinthiens 13:1; 1 Timothée 5:19)." La Tour de Garde du 1er Novembre 1995 p. 28-29

Ceci est basé sur les Écritures suivantes.

Deutéronome 19 :15 "Nul ne pourra, sur la déposition d’un seul témoin, être déclaré coupable d’une faute ou d’un péché qu’il aurait pu commettre. Tout fait sera établi sur la déposition de deux témoins ou sur la déposition de trois témoins."
Matthieu 18:15,16 "Si ton frère commet un péché, va lui expliquer sa faute, entre toi et lui seul. S’il t’écoute, tu as gagné ton frère. Mais s’il ne t’écoute pas, prends avec toi une ou deux personnes, pour que tout fait soit établi d’après les déclarations de deux ou trois témoins."
2 Corinthiens 13:1 "Tout fait sera établi sur la déposition de deux ou trois témoins."

La règle des deux témoins est une directive biblique qui n'était pas censée s'appliquer dans toutes les situations. Par exemple, Deutéronome explique que lorsqu'une fille est violée dans un champ sans personne pour l'entendre ou la protéger, d'autres témoins ne sont pas requis pour condamner le violeur.

Deutéronome 22:25-27 "Mais si l’homme a rencontré la fille fiancée dans la campagne et qu’il l’ait forcée à coucher avec lui, seul l’homme devra mourir ; tu ne devras rien faire à la fille. La fille n’a pas commis de péché et ne mérite pas la mort. Ce cas est le même que lorsqu’un homme attaque son semblable et l’assassine. Car l’homme a rencontré la fille fiancée dans la campagne, et elle a crié, mais il n’y avait personne pour la secourir."

La Watchtower n'applique pas non plus ces passages de manière cohérente. Bien que Matthieu 18:15,16 dit d'affronter un pécheur "seul", la Watchtower ne s'attend pas à ce qu'une personne qui a été menacée de violence, violée ou maltraitée affronte seule l'auteur du crime. Bien qu'elle ait trouvé des moyens pour justifier que ce passage ne soit pas pris au pied de la lettre dans toutes les situations, pourquoi la Watchtower insiste-t-elle toujours pour qu'il s'applique aux enfants victimes d'atteintes sexuelles ?

Chacun de ces passages bibliques s'adresse aux adultes et non aux enfants. Puisqu'il existe une marge de manœuvre dans l'application de ce principe, il ne fait aucun doute que lorsque la sécurité d'un enfant est en jeu, toutes les précautions doivent être prises pour protéger l'enfant contre la toute première indication de danger.

L'insistance légaliste de la Watchtower sur la règle des deux témoins pour les enfants victimes d’abus sexuels est une mauvaise application des directives bibliques. Les jeunes enfants victimes ne peuvent généralement pas rapporter eux-mêmes l’allégation et ont besoin d'une protection supplémentaire. Insister sur une politique stricte de deux témoins dans les situations impliquant des enfants sans défense est une politique pharisienne irréaliste. Jésus a dénoncé l'adhésion fanatique à la loi par le sacrifice de principes supérieurs d'amour et de miséricorde. Il a démontré clairement que la loi ne l'emporte pas sur l'humanité en guérissant la main desséchée d'un homme pendant le sabbat. L'application de la règle des deux témoins pour les accusations pédophiles est un cas d'adhésion fanatique de la loi à la lettre, telle que dénoncée par Jésus.

Si la règle des deux témoins est une ligne directrice sensée pour prévenir les erreurs judiciaires, elle peut donner lieu à des abus et doit donc être utilisée de manière raisonnable. Par exemple, une personne coupable peut nier une accusation portée par un seul témoin et éviter d'être punie. Ou deux personnes peuvent s'entendre pour prétendre qu’un innocent est coupable et le faire punir injustement. Dans le cas des agressions sexuelles sur les enfants, un domaine dans lequel les anciens ne sont malheureusement pas qualifiés pour agir en tant que juges, des autorités compétentes et des experts devraient toujours être impliqués.

Il est universellement reconnu que la protection des enfants est d'une importance primordiale. La Déclaration des Droits de l’Enfant, adoptée en 1959 par l’Assemblée Générale des Nations Unies, reconnaît le fait fondamental que les enfants ont besoin d'une protection spéciale, un point que le Collège Central a négligé de façon flagrante lorsqu'il a établi ses règles sur les enfants victimes d’agressions sexuelles.

2. L'enfant doit bénéficier d'une protection spéciale et se voir accorder des possibilités et des facilités par l'effet de la loi et par d'autres moyens, afin d'être en mesure de se développer d'une façon saine et normale sur le plan physique, intellectuel, moral, spirituel et social, dans des conditions de liberté et de dignité. Dans l'adoption de lois à cette fin, l'intérêt supérieur de l'enfant doit être la considération déterminante.

8. L'enfant doit, en toutes circonstances, être parmi les premiers à recevoir protection et secours.

Cliquez ici pour lire la Déclaration au complet, sur le site fr.wikisource.org

Les lignes directrices du Livre des Anciens de 2010 ne fournissent toujours pas une protection spéciale aux enfants, comme on peut le lire :

"Même si un chrétien est accusé d'une faute dont la gravité relèverait d'un comité de discipline religieuse, on ne constituera un comité de discipline religieuse que si la réalité de la faute est établie. Quels genres d'éléments de preuve sont recevables ?

On doit disposer de deux ou trois témoins oculaires, non pas simplement de personnes répétant des propos rapportés (ouï-dire) ; on ne peut prendre aucune mesure à l'encontre de quelqu'un si l'on ne dispose que d'un témoin. — Deut. 19:15 ; Jean 8:17.

Si l'on dispose de deux ou trois témoins du même genre de faute, mais que chacun ait été témoin d'un incident différent , les anciens peuvent prendre en compte leurs témoignages. Bien que de tels éléments de preuve soient recevables pour établir la culpabilité, il est préférable de disposer de deux témoins du même fait répréhensible.

Si l'accusé nie les faits qui lui sont reprochés, les anciens chargés de les vérifier tenteront de convenir d'un rendez-vous pour le rencontrer en présence de l'accusateur. (Remarque : Si les faits reprochés ont trait à un abus sexuel sur enfant et si la victime est encore mineure, avant d'envisager une telle rencontre, les anciens devront prendre contact avec le bureau de la filiale .) Si l'accusateur ou l'accusé refusent de participer à cet entretien avec les anciens, ou si l'accusé continue de nier les faits qui lui sont reprochés par un seul témoin et que la réalité de la faute ne soit pas établie, les anciens remettront l'affaire entre les mains de Jéhovah (Deut. 19:15-17 ; 1 Tim. 5:19, 24, 25 ; w95 1/11 p. 28-29). Les anciens chargés de vérifier les faits rédigeront un compte rendu, le signeront et le placeront dans une enveloppe cachetée, qui sera classée avec les dossiers confidentiels de la congrégation. Peut-être d'autres éléments de preuve permettant d'établir les faits se révéleront-ils par la suite."" Faites paître le troupeau de Dieu (2010) p. 72

C'est également ce qui est indiqué dans l'édition 2012. Il est choquant qu'un livre de procédure publié aussi récemment en 2012, indique encore qu'il faut organiser une rencontre entre l'enfant et l'agresseur, et qu'il faut faire abstraction de l’inaction en remettant l'affaire "entre les mains de Jéhovah. Ce n'est qu'en 2019 que le Livre des Anciens a été mis à jour pour dire que cela n'est plus nécessaire.

"Une victime de viol ou de pédophilie n'est jamais obligée d'affronter l'accusé." Faites paître le troupeau de Dieu (2019) ch12:41 (traduit de l’anglais)

Tout en insistant sur le fait qu'il faut deux témoins oculaires pour qu'un pédophile puisse faire l'objet d'une action judiciaire, une personne peut être excommuniée pour fornication sans témoins et sans aucune preuve. Un article de la Tour de Garde de 2018 dit que les couples qui passent une nuit ensemble peuvent être excommuniés pour des raisons purement circonstancielles.

"QUESTIONS DES LECTEURS
Si un homme et une femme qui ne sont pas mariés ensemble ont passé la nuit seuls sous le même toit sans raisons valables, est-​ce un péché nécessitant qu’un comité de discipline religieuse soit formé ? Oui, si effectivement il n’y avait pas de raisons valables, car une telle situation laisse fortement supposer qu’ils ont eu une conduite sexuelle immorale." La Tour de Garde de Juillet 2018 Edition d’étude p. 32

Cela prouve la fausse affirmation de la Watchtower selon laquelle la protection des enfants est une priorité, avec des instructions pour les anciens d'exclure des adultes sans témoins oculaires, mais de refuser d'envisager de modifier la règle des deux témoins pour les enfants agressés sexuellement.

Règle des trois ans

La règle des trois ans a été encore plus critique dans les actions en justice intentées contre la Société Watchtower. Cela permettait aux pédophiles connus de continuer à servir en tant qu'anciens, à condition que toute infraction connue ait été commise au moins trois ans avant la confession.

Le livre de 1972 Une organisation pour prêcher le royaume et faire des disciples p. 169 déclarait :

"Si le coupable était aîné ou serviteur ministériel lorsqu'il a commis une faute grave, même si elle remonte à plusieurs années, il est répréhensible dans une certaine mesure, car il a continué à remplir ses fonctions tout en sachant que, provisoirement au moins, il s'était disqualifié, n'étant pas alors à l'abri des "accusations". (I Tim. 3: 2, 10; Tite 1: 6, 7.) Il aurait dû informer le comité judiciaire qu'il ne remplissait plus les conditions et renoncer à ses fonctions. Puisqu'il ne l'a pas fait au moment de la faute, il sera maintenant démis de ses fonctions."

Le terme "il y a quelques années" a été clarifié peu de temps après dans le Ministère du Royaume de Novembre 1972, p. 4, comme étant une période de trois ans :

"Que signifie l’expression “plusieurs années”, contenue dans le livre “Organisation”, page 169, paragraphe deux ?

Cette expression indique davantage qu’une période de temps d’une ou de deux années. Remarquons qu’il n’est pas dit “de nombreuses années”. Il ne s’agit donc pas d’un nombre d’années précis, mais plutôt de deux ou trois années. Le but n’est pas qu’un frère évoque son passé reculé pour y trouver des fautes dont il s’est repenti depuis quelques années, sans les pratiquer ensuite, et que Jéhovah a sans aucun doute pardonnées."

Cette position a été reconfirmée dans les Écoles du Ministère du Royaume de deux jours en 1991. Ce n'est qu'en 2005, dans les Écoles du Ministère du Royaume, qu'il a été clairement établi que les actes cachés de porneia (péchés sexuels) devaient être soumis à un comité judiciaire.

J'ai personnellement bénéficié de cette règle. Alors que j'étais au Béthel en 1994, j'ai confessé à un ancien du Béthel un "péché" commis en 1990. Comme l'autre partie et moi-même étions encore en service à plein temps trois ans plus tard, l'ancien a déterminé que Jéhovah avait pardonné l'indiscrétion et aucune autre mesure n'a été prise.

La sagesse du monde

L'attitude de la Watchtower à l'égard de la sagesse du monde a également été au cœur de la question.

"Dieu n’a donc rien de commun avec ce monde (Jean 18:36; 1 Jean 2:15-17). Voilà pourquoi la Bible parle de deux sortes de sagesse: "la sagesse de Dieu" et la sagesse du monde"." La Tour de Garde du 15 Sept 1992 p. 19

Les Témoins qui ont des problèmes sont encouragés à s'adresser aux anciens, et découragés de s'adresser à des experts de ce monde, de peur d'être influencés par leurs conseils qui peuvent être en désaccord avec les principes de la Watchtower. Les victimes ont régulièrement été avisées de ne pas contacter la police ou des spécialistes formés à la question des abus sexuels sur les enfants. Inutile de dire que les anciens n'ont aucune formation sur des questions comme le mariage, les addictions et la violence faite aux enfants, si ce n'est une information limitée fournie par la Société Watchtower. La politique de la Watchtower accuse un retard douloureux par rapport aux professionnels sur la question des abus sexuels sur les enfants.

Une indication du manque douloureux de formation des anciens dans le cas des agressions sexuelles commises sur des enfants : l'environnement pour que les enfants discutent de leurs abus est généralement dans une petite pièce de la Salle du Royaume devant trois anciens, toujours des hommes. Très souvent, on s'attendait à ce que l'enfant soit confronté à l'accusé.

De façon encore plus inappropriée, le formulaire officiel télémémo de 1993 futilisé par les anciens posait la question suivante : "Combien d'anciens ont estimé que la victime était quelque peu fautive ou qu'elle avait participé volontairement à ces actes ?"

Jeter l'opprobre sur le nom de l'organisation

La peur de jeter l'opprobre sur le nom de Jéhovah a été utilisée pour dissuader d’avoir recours aux systèmes juridiques et judiciaires.

"La fidélité envers Jéhovah Dieu nous empêchera également de faire quoi que ce soit pouvant jeter l’opprobre sur son nom et son Royaume. N’imitons pas ces deux chrétiens qui ont pris la regrettable décision de porter leur différend devant la justice. Il est clair que, par fidélité envers Jéhovah Dieu, nous préférerons subir une perte sur le plan personnel plutôt que de déshonorer Jéhovah et son organisation." La Tour de Garde du 15 Mars 1996 p. 15

Il ne s'agit pas ici du nom de Jéhovah, mais de la réputation de l'organisation Watchtower. Les gens ne blâment pas Dieu lorsqu'un Témoin agresse un enfant. Si le blâme est attribué à quelqu'un d'autre que l’agresseur, il est dirigé contre les règles et règlements de la Société Watchtower.

Lorsqu’un multi-récidiviste s’est révélé être un agresseur d’enfants, les anciens protégeaient la confidentialité des renseignements discutés dans les comités judiciaires en vertu du privilège ecclésiastique. Il s'agissait notamment de ne pas signaler de tels cas à la police. On a régulièrement découragé les Témoins d'aller voir la police de peur de jeter l'opprobre sur le nom de Jéhovah. Dans les affaires juridiques, les avocats de la Watchtower ont affirmé que la Bible dit que les anciens doivent garder confidentiels les renseignements qu'ils connaissent au sujet du crime. Cela ressemble aux idées catholiques sur les confessionnaux.

"Dans la congrégation chrétienne, les anciens ont la responsabilité de s’occuper des violations de la loi divine, telles que le vol, le meurtre et l’immoralité sexuelle. Cependant, Dieu n’exige pas d’eux qu’ils veillent à l’application des lois de César. Voilà pourquoi Paul ne s’est pas senti obligé de remettre aux autorités romaines Onésime, qui était un fugitif au regard de la loi romaine (Philémon 10, 15). Bien sûr, s’il est flagrant qu’un chrétien enfreint la loi, et que cela devienne notoire, il ne sera certainement pas un bon exemple et pourra même être exclu." La Tour de Garde du 1er Octobre 1986 p. 31

Les parents qui ont été témoins ou soupçonnés d’abus sexuels envers leur enfant ont été avertis par les anciens de ne pas parler à d'autres parents de la congrégation, sous peine d'être exclus pour calomnie s'ils le font. Il s'agit d'un facteur important qui a contribué à ce qu'un agresseur d'enfants puisse continuer et commettre d'autres crimes contre d'autres enfants.

En 1986, le Congrès des États-Unis a adopté la Loi sur les Droits des Enfants Victimes d'Abus Sexuels (Child Abuse Victims' Rights Act). Cela a permis aux enfants d'intenter une action civile dans les affaires d'abus sexuels et a conduit à un nombre croissant d'actions contre l'Église catholique. En réaction apparente, une lettre confidentielle a été envoyée aux anciens en 1989, indiquant que les anciens devaient contacter non pas la police, mais le service juridique de la Société au sujet de toute accusation d’agression sexuelle envers les enfants. La Lettre aux Anciens expliquait en détail comment préserver la confidentialité des renseignements, y compris le contenu de la lettre. L'affaire Candace Conti en 2012 a conclu que les instructions de cette lettre avaient conduit à dissimuler des cas d’abus sexuels sur mineurs.

Un formulaire de 1989 pour les cas d’agressions sexuelles sur mineurs indique que si la congrégation se trouve dans un endroit où il est obligatoire de faire un rapport aux autorités, elle doit faire un appel anonyme à partir d'une cabine téléphonique. Ce qui est très inefficace, car la police n'est généralement pas en mesure d'assurer le suivi de renseignements anonymes. Voici une copie du formulaire tiré de pièces à conviction. Cela a été repris dans la version de 1993 du formulaire.

En 2002, il a finalement été accepté que la police puisse être contactée directement. Une Lettre adressée à tous les anciens des États-Unis, datée du 15 février 2002, indiquait que les anciens ne devaient pas empêcher les Témoins de signaler à la police les cas d’abus sexuels envers les enfants, ce qui a été ajouté au Livre des Anciens de 2010.

"Un abus sexuel sur enfant est une action criminelle. Ne laissez jamais entendre à quiconque qu'il est préférable qu'il ne signale pas une accusation d'abus sexuel sur enfant à la police ou à d'autres autorités. Si on vous pose la question, faites clairement savoir qu'il est laissé à la décision de chacun de signaler ou non les faits aux autorités et que, quelle que soit la décision d'un chrétien, la congrégation ne prendra pas de sanction à son encontre. Les anciens n'adresseront jamais de reproches à quelqu'un qui fait état d'une telle accusation aux autorités. Une victime a le droit absolu de signaler son agression aux autorités si elle le souhaite. — Gal. 6:5" Faites paître le troupeau de Dieu p.132-133. Cliquez ici pour lire la citation en entier.

Cependant, la congrégation elle-même n'est pas protégée, puisqu'elle ne sera pas informée par les anciens des pédophiles dans la congrégation. Même lorsqu'une personne est exclue pour une agression sexuelle sur un enfant, les seules annonces seront "[Nom de la personne] n'est plus Témoin de Jéhovah " et peut-être plus tard, "[Nom de la personne] est réintégré comme Témoin de Jéhovah ".

Les rapports obligatoires

En 1997, il a été expliqué que, lorsqu'un agresseur d'enfants va dans une nouvelle congrégation, les anciens doivent être informés du passé de la personne. Ce qui est troublant, c'est que seuls les anciens le sont, et non les autres membres de la congrégation. Le pédophile est également appelé "ancien agresseur d’enfants", ce qui montre l'ignorance de la Watchtower quant à la nature continue des désirs d'un pédophile et minimise ses actions.

"Que doivent faire les anciens lorsqu'un ancien agresseur d'enfants va dans une autre congrégation ? Comme indiqué dans le "Réponse à vos questions" dans notre Ministère du Royaume de février 1991 et dans la Lettre aux Anciens du 1er août 1995, notre politique est toujours d'envoyer une lettre d'introduction lorsqu'un proclamateur arrive dans une autre congrégation. Il est impératif que cela soit fait lorsque quelqu'un dont on sait qu'il a été un pédophile est transféré. Le secrétaire devrait écrire au nom des anciens aux anciens de la nouvelle congrégation et décrire les antécédents de ce proclamateur et ce que les anciens de l'ancienne congrégation ont fait pour l'aider. Toutes les précautions nécessaires doivent être fournies aux anciens de la nouvelle congrégation. Cette lettre ne doit pas être lue ou discutée avec la congrégation. Cette information doit être conservée dans les dossiers confidentiels de la congrégation où elle peut être examinée par n'importe quel ancien. Les anciens doivent envoyer une copie de cette lettre à la Watchtower Bible and Tract Society à l'adresse suivante dans une des enveloppes "Bleues Spéciales"."

Lettre aux Anciens du 14 Mars 1997 p. 2

Les anciens doivent maintenant s'adresser aux autorités profanes dans les états où ils sont légalement tenus de le faire. Toutefois, dans la plupart des cas, le Béthel recommande de ne pas s'adresser aux autorités lorsqu'il n'y a pas d'obligation légale. Avant de contacter la police, on s'attend à ce que les anciens demandent conseil au service juridique de la Watchtower. La clause suivante est énoncée dans la Lettre Confidentielle aux Collège des Anciens du 10 octobre 2002 envoyée à tous les anciens d'Australie ;

"Si, après avoir contacté la Société, il est décidé que les anciens doivent signaler aux autorités une situation telle une agression sur un enfant, il ne serait pas considéré comme une violation de la confidentialité de faire un tel rapport. Les anciens devraient toujours contacter la Société avant de fournir des renseignements confidentiels aux autorités profanes."

En 2013, lors de l'enquête australienne "Enquête sur le traitement des cas de maltraitance d'enfants par des organisations religieuses et autres", Terry O'Brien, Coordonnateur de la Branche Australienne de la Watchtower, a confirmé que les anciens ne signalent pas les cas d’agressions sexuelles sur mineurs en Australie, car aucune règle obligatoire en la matière n'existe.

Cliquez ici pour lire en entier la traduction française de la transcription.

La Commission royale d'enquête de 2015 sur les réponses institutionnelles aux abus pédophiles a constaté que les Témoins de Jéhovah n'ont pas respecté leurs obligations légales dans ce domaine. Bien que de nombreux états n'aient pas de lois obligeant à rapporter les accusations de faits d’atteintes sexuelles sur mineurs, une fois que les anciens ont établi la preuve d'un crime par le biais de la procédure du comité judiciaire, ils sont légalement tenus d'en informer les autorités. Par exemple, en Australie, c'est une obligation qui existe depuis 1990 en vertu de l'article 316 de la Loi sur les Crimes (Crims Act).

Les anciens se sont soustraits à leur obligation morale de protéger les victimes en cachant aux autorités les allégations et les preuves d'abus. En essayant d'en faire le moins possible pour s'acquitter de leurs obligations profanes, les Témoins de Jéhovah ont enfreint la loi dans des pays comme l'Australie, exposant d'autres personnes à un risque inutile d'agression.

La Watchtower continue de travailler contre les autorités dans toute la mesure du possible. Le rapport de Trey Bundy Les témoins de Jéhovah luttent contre la loi sur le signalement des abus sexuels commis sur des enfants à la police (1er Février 2016) montre comment les avocats de la Watchtower cherchent à utiliser le privilège ecclésiastique pour ne pas divulguer des informations concernant des confessions de violences sur enfant. Cela en dépit du fait que le privilège prêtre-pénitent du clergé s'applique spécifiquement à la pratique catholique de la Confession ce que la Watchtower critique comme non chrétienne sous le thème de la confession dans le livre Comment Raisonner, pages 80 à 81.

La Watchtower est particulièrement attentive à ce qui est écrit et conservé par écrit, en raison des dommages que cela cause dans les affaires judiciaires. Le livre Directives des Surveillants de Circonscription (Circuit Overseer Guidelines) de 2015 stipule que les rapports doivent être faits par téléphone, la raison en étant que le service juridique est mieux informé de ce qui devrait ou ne devrait pas être fait par écrit pour la responsabilité future.

"4. Il n'est pas nécessaire que le surveillant de circonscription fasse un rapport à la filiale sur toutes les questions que les anciens abordent. Si les anciens ont besoin d'aide sur le traitement d'une affaire judiciaire ou d'un autre acte répréhensible grave et que la question ne peut être résolue avec l'aide du surveillant de circonscription, ce dernier devrait conseiller aux anciens de contacter la filiale. S'il devient nécessaire que le surveillant de circonscription doive demander des directives à la filiale ou lui faire rapport sur d'autres questions dans laquelle il est directement impliqué, sa communication doit être claire, précise, factuelle, exacte et complète. Les détails pertinents, tels que les noms, la chronologie des événements et, si possible, les dates, devraient être fournis. Les communications relatives aux questions d’agression sexuelles sur mineurs devraient être prises en charge par téléphone."
Directives des Surveillants de Circonscription (Circuit Overseer Guidelines) 2015 chapitre 5.4


Schéma ks.91 p.109 WAT.0012.001.0013

La prédication obligatoire - Y a-t-il un pédophile à votre porte ?

Ce qui devrait le plus préoccuper le grand public, c'est qu'il est attendu des Témoins pédophiles d'aller prêcher aux maisons des étrangers. La prédication en porte-à-porte est considérée comme une condition essentielle du salut, et une personne n'est considérée comme un Témoin de Jéhovah actif que si elle présente des rapports d'activité de prédication. En 2002, NBC a diffusé sur Dateline une émission expliquant qu'un chef de famille n'avait aucun moyen de savoir si le Témoin de Jéhovah à sa porte (ou dans sa maison si le Témoin conduisait une étude biblique avec son enfant) était un pédophile.

Dès 1997, la Watchtower a montré qu'elle comprenait que les pédophiles sont susceptibles de récidiver, mais elle encouragea néanmoins ces personnes à aller prêcher aux portes des étrangers.

"Même si les lois varient selon les pays, l’agresseur encourra sans doute une sanction pénale, sous la forme d’une peine de prison par exemple. La congrégation ne cherchera pas à l’y soustraire. Par ailleurs, un tel acte trahit chez cet homme une faiblesse grave qui exige dorénavant d’être prise en compte. Si le coupable s’avère repentant, on l’encouragera à faire des progrès spirituels, à prendre part à la prédication, et même à participer à l’École du ministère théocratique ainsi qu’à certaines parties du programme de la réunion de service dans la mesure où il n’enseigne pas. Mais cela ne veut pas dire qu’il remplit les conditions requises pour assumer des responsabilités dans la congrégation. Quelles en sont les raisons bibliques ?

Tout d’abord, un ancien doit être “ maître de lui-​même ”. (Tite 1:8.) Personne, il est vrai, n’est parfaitement maître de soi (Romains 7:21-25). Mais pour un adulte voué à Jéhovah, abuser sexuellement d’un enfant est révélateur d’une faiblesse charnelle contre nature. L’expérience montre qu’une telle personne est tout à fait susceptible de faire de nouvelles petites victimes. Même s’il est vrai que tous les agresseurs d’enfants ne recommencent pas, les cas de récidive sont nombreux. Or la congrégation ne peut lire dans les cœurs pour savoir si le coupable risque de s’en prendre de nouveau à des enfants (Jérémie 17:9). Aussi le conseil de Paul à Timothée prend-​il tout son poids dans le cas d’adultes baptisés qui, dans le passé, ont agressé des enfants : “ Ne pose hâtivement les mains sur aucun homme ; ne participe pas non plus aux péchés des autres. ” (1 Timothée 5:22). Pour la protection de nos enfants, un homme connu pour avoir abusé sexuellement d’un enfant ne remplit pas les conditions requises pour assumer des responsabilités dans la congrégation. Il ne peut pas non plus recevoir un quelconque privilège de service à plein temps, tel que celui de pionnier. — Voir le principe énoncé en Exode 21:28, 29." La Tour de Garde du 1er Janvier 1997 p. 29

Le porte-parole des relations publiques de la Watchtower, J. R. Brown, a affirmé dans le Louisville Courier-Journal du 4 janvier 2001, que les délinquants sexuels ne peuvent prêcher que s'ils sont accompagnés d'un adulte responsable. Cependant, généralement les Témoins de Jéhovah n'en savent rien, car il n'en est pas question dans les publications de la Watchtower, et il est difficile de l'appliquer lorsque les autres proclamateurs ne sont pas informés des délinquants sexuels dans la congrégation.

Nomination d'agresseurs d'enfants à des postes d'autorité

En 1997, il a été publié dans La Tour de Garde, une publication de diffusion publique, que les agresseurs d'enfants condamnés par les Écritures ne devaient jamais occuper le poste d'anciens ou d'autres rôles de responsabilité tels que celui de Serviteurs Ministériels et de Pionniers.

"Pour la protection de nos enfants, un homme connu pour avoir abusé sexuellement d’un enfant ne remplit pas les conditions requises pour assumer des responsabilités dans la congrégation. Il ne peut pas non plus recevoir un quelconque privilège de service à plein temps, tel que celui de pionnier." La Tour de Garde du 1er Janvier 1997 p. 29

Cela donne l'impression trompeuse que l'on peut faire confiance à ceux qui occupent ces postes d'autorité comme s'ils n'avaient jamais été condamnés auparavant.

Tout d'abord, même si la personne a été condamnée devant un tribunal, une telle condamnation n'est pas considérée comme valide à moins que les anciens ne puissent déclarer la personne comme coupable en vertu des principes bibliques. Ainsi, il est possible pour un pédophile condamné d'avoir des privilèges de supervision.

Deuxièmement, alors que la Watchtower donnait l'impression aux disciples des Témoins de Jéhovah et au grand public qu'un ancien ne pourrait jamais être quelqu'un qui a été reconnu comme un agresseur sexuel d'enfants, des documents internes ont montré que des exceptions sont encore faites.

"La congrégation serait laissée sans protection si nous nommions prématurément en tant que serviteur ministériel ou ancien quelqu'un qui abusait d'un enfant. De plus, les fonctionnaires de la cour et les avocats tiendront responsable toute organisation qui nomme sciemment d'anciens abuseurs d'enfants à des postes de confiance, si l'un d'eux, par la suite, commet un autre acte de violence envers un enfant. Cela pourrait donner lieu à des poursuites judiciaires coûteuses, impliquant des fonds dédiés qui devraient être utilisés pour faire avancer les travaux du Royaume. Ainsi, les considérations juridiques doivent également être pesées avec le degré de notoriété, l'étendue de l'inconduite, le nombre d'années avant le péché, et comment le frère est maintenant perçu par la congrégation et les gens de la communauté, y compris ceux qu'ils a agressés." Lettre aux Anciens – Branche d’Australie – 20 Juillet 1998

Le Livre des Anciens de 2010 continue de suggérer qu'il est possible pour un agresseur d'enfants d'agir à titre d'Ancien ou de Serviteur Ministériel après "de nombreuses années".

"Autre facteur déterminant dans la décision de lui conserver ou non sa fonction : la nature du péché. Par exemple, si dans le passé il s'est livré à un abus sexuel sur enfant, il ne remplira vraisemblablement plus les conditions requises pendant de nombreuses années. — w97 1/1 p. 26- 29 ; w78 1/3 p. 21-22.
Si le frère a commis cette faute il y a à peine quelques années, alors qu'il était ancien ou assistant ministériel il ne remplit plus les conditions requises pour cette fonction puisqu'il n'est plus "exempt d'accusation"." Faites paître le troupeau de Dieu p. 40

Relations publiques

Une indication que la préoccupation principale de la Société Watchtower a été d'éviter la responsabilité légale est la page 143 du livre des anciens, Faites attention à vous-mêmes et à tout le troupeau. Cette page est laissée en blanc, les anciens remplissant des notes dictées. En ce qui concerne la maltraitance des enfants, le paragraphe suivant est écrit à la main.

La maltraitance des enfants. Lettres de référence : A.B.E. 29 août 1989 pg 3 ; LLA 10/10/2002 ; 28/8/8/02.
Conséquences juridiques.
*En cas d'accusation ou d'allégation d’abus sexuels sur un enfant, contactez immédiatement la société. Ne parlez à personne d'autre.
*Si un frère ou une sœur avoue avoir été victime d'abus sexuels en étant enfant, demandez-leur de ne parler à personne d'autre jusqu'à ce que vous reveniez vers eux, et contactez immédiatement la société. En contactant la société, il vous suffit d'indiquer que c'est une affaire impliquant un abus sexuel sur enfant et le standard téléphonique vous mettra en contact.
*Si vous êtes interrogé par la police, dites-leur que vous n'êtes pas prêt à faire une déclaration avant d'avoir obtenu un avis juridique. Contactez immédiatement la société ou un avocat local si nécessaire.
*Si un mandat de perquisition ou une citation à comparaître est présenté, le dernier recours est de remettre tout document. (Fichier Cong) Trouvez exactement ce qui est demandé et ne donnez que ça. Il est préférable d'obtenir d'abord des conseils juridiques. Lisez le mandat. Écrivez sur l'enveloppe le privilège ecclésiastique revendiqué, à ne pas ouvrir avant que le tribunal n'ait statué sur la question.

Pay Attention to Yourselves and to All the Flock Elders book page 143     Pay Attention to Yourselves and to All the Flock Elders book page 93    

Cliquez sur les vignettes pour voir les scans des notes dictées du livre des Anciens de 1991 sur les abus sexuels infligés aux enfants.

La Société Watchtower a limité les dégâts en ce qui concerne les accusations de pédophilie. Le site de relations publiques de la Watchtower jw-media.org a publié la citation suivante, apparemment pour justifier des indiscrétions antérieures ;

"Les gens n'avaient pas les connaissances nécessaires il y a 18 ou 20 ans pour dire que c'est quelque chose qui nuira à votre enfant sur le plan émotionnel si vous ne le traitez pas. Les parents ne connaissaient pas la gravité... et les effets à long terme."3

Fausse propagande évidente, surtout si on la compare aux déclarations apparaissant dans La Tour de Garde il y a au moins 25 ans :

"Si les pédophiles ne voient aucun mal dans la pornographie enfantine, c’est tout simplement parce qu’ils sont aveuglés par leur lubricité. Pourtant, ils font du mal aux enfants qu’ils utilisent. Ces gosses finiront souvent par faire le trottoir, victimes de troubles psychologiques parce qu’ils sont considérés comme une marchandise, un objet sexuel avec le prix sur l’étiquette." Réveillez-vous ! du 22 septembre 1982 p. 8 "Enfant prostitué" et "pornographie enfantine".

Affaires judiciaires

Au XXIe siècle, une série d'affaires ont été lancées contre la Watchtower. Ces cas concernent généralement des situations où des prédateurs d'enfants connus ont continué d'être renommés comme anciens par le siège de la Watchtower, les plaçant dans des positions d'autorité où ils avaient facilement la possibilité de manipuler et d’agresser les enfants dans des situations privées. Dans d'autres cas, des anciens confiaient à des personnes connues comme pédophiles le soin de prêcher avec des enfants, ce qui a eu des conséquences tragiques.

La Watchtower a reconnu sa culpabilité en réglant la majorité de ces cas à l'amiable par des clauses de non-divulgation ou de confidentialité. Depuis 2010, de plus en plus d'affaires sont portées devant les tribunaux. Deux cas très médiatisés sont ceux de Candice Conti, qui a reçu 7 000 000 $, et de Jose Lopez, qui a reçu 13 500 000 $.

Pour de plus amples informations sur plusieurs cas clés, voir les Indemnités relatives aux abus sexuels des enfants de la Watchtower..

Expérience d’un ancien

"Et j'étais là, sans formation et sans connaissance du droit, de la psychologie ou de la pédagogie, prétendant agir comme juge dans les affaires, bien que je n'avais absolument aucune qualification professionnelle me permettant d'exercer mes fonctions de manière satisfaisante. …

Un cas d'inceste nécessitant notre jugement est survenu dans l'une des congrégations où je servais en tant qu'ancien. Il s'agissait d'un père d'une trentaine d'années qui avait souvent eu des relations sexuelles avec sa fille. La relation durait depuis assez longtemps et la fille avait environ 10 ans lorsque les anciens ont été informés du cas. C'est la mère qui est venue nous donner l'information. Elle avait des doutes depuis un certain temps, mais manquait de preuves et n'avait pas fait part de ses soupçons aux anciens. Cette histoire est la raison pour laquelle elle et son mari ont divorcé par la suite.

L'aspect important de cette histoire est que notre seule pensée était de "garder la congrégation pure", c'est-à-dire de nous débarrasser de l'homme. L'état mental de l'enfant n'a eu aucune incidence sur notre décision, pas plus que nous considérions la possibilité d'un examen de l'enfant. Nous pensions que les psychologues et les psychiatres étaient au pouvoir du Diable. La Société Watchtower l'avait souligné à plusieurs reprises dans ses publications, par conséquent nous n'avions aucune idée que l'enfant pourrait avoir besoin de ce genre d'aide.

La possibilité que le père ait besoin d'aide n'était pas non plus un sujet qui nous préoccupait. D'autre part, en tant qu'anciens de la congrégation, nous étions très préoccupés par le fait qu'aucune des parties concernées ne recherche ce type d'aide, car l'histoire pourrait "porter préjudice à la réputation et au respect du jugement de la Société de Watchtower et des Témoins de Jéhovah". Pour cette même raison, les autorités n'ont pas non plus été informées de la situation. Je peux honnêtement dire qu'une telle idée ne nous est jamais passée par la tête ! Cela n'a jamais été envisagé parce que cela ne nous était tout simplement jamais venu à l'esprit. Cela n'avait rien à voir avec les autorités. C'était une "affaire de la congrégation"." The Kingdom That Never Came (Le Royaume qui n’est jamais arrivé) de 1992 par Joseph Wilting, p. 52

Conclusion

Une organisation qui se targue d'être guidée par la Bible et l'Esprit Saint aurait dû avoir une politique pour protéger les enfants dès le début. Si Jéhovah dirigeait le Collège Central, la procédure concernant les pédophiles devrait guider le monde et servir de modèle pour montrer la marche à suivre. Dans les faits, c’est l’inverse, comme cela a été mise en évidence par la Commission d’enquête royale australienne sur les réponses institutionnelles aux crimes pédophiles en 2015. Les pratiques de la Watchtower accusent un retard choquant par rapport aux meilleures pratiques existantes et par rapport à la façon de procéder de nombreuses autres organisations religieuses.

Lorsque les Témoins de Jéhovah sont prêts à admettre cela, leur excuse est que le Collège Central n'est pas infaillible. C'est exact, mais cela s'est avéré tragique lorsqu'on y ajoute l'idée que le Collège Central doit être suivi sans poser de questions.

"Mais nous devrons tous être disposés à obéir à toute instruction que nous recevrons, qu’elle semble ou non rationnelle du point de vue stratégique ou humain." La Tour de Garde du 15 Novembre 2013 Edition d’étude p. 20

Le résultat est le raisonnement circulaire suivant.

Le paradoxe de prétendre être dirigé par Jésus, mais d'admettre l’existence de règles et de règlements imparfaits, est un mélange dangereux qui conduit les adeptes à suivre aveuglément des pratiques néfastes.

La Société Watchtower dénonce activement les autres religions pour leur position sur les pédophiles.

"Accusé une première fois d’attentat à la pudeur en 1979, un prêtre a récemment été condamné à quatre ans de prison après avoir plaidé coupable pour 36 chefs d’accusation !
Habituellement, on étouffe l’affaire, et aucune mesure significative n’est prise à l’encontre du coupable. On mute le prêtre dans une autre paroisse ou à une autre fonction, où rien ne l’empêche de donner à nouveau libre cours à sa dépravation. Dans le cas présent, l’archevêque s’est senti obligé de donner sa démission, après avoir déclaré: “Nous sommes une Église pécheresse. Nous sommes mis à nu. Notre colère, notre douleur, notre angoisse, notre honte sont manifestes pour le monde entier.” Les instances catholiques n’ont pas adopté une attitude ferme; si bien qu’on leur a reproché de se préoccuper davantage de leurs prêtres renégats que des victimes." Réveillez-vous ! du 8 Novembre 1990 p. 31

"Même des Églises qui condamnent les pratiques sexuelles immorales tolèrent en leur sein des ecclésiastiques qui ont commis des agressions sexuelles sur des enfants." La fin de la fausse religion est proche ! (2006) p. 2

Le Collège Central prétend que quiconque n'est pas d'accord avec la façon dont il a traité les agresseurs sexuels d'enfants est un menteur et un apostat.

“Une autre façon de contribuer à l'unité : rejeter les fausses histoires qui sont conçues pour nous séparer de l'organisation de Jéhovah. Pensez, par exemple, aux mensonges et aux malhonnêtetés divulgués par les apostats selon lesquels l'organisation de Jéhovah est permissive envers les pédophiles. Je veux dire, c'est ridicule, n'est-ce pas ? Si quelqu'un prend des mesures contre une personne qui menacerait nos jeunes et prend des mesures pour protéger nos jeunes, c'est l'organisation de Jéhovah. Nous rejetons carrément de tels mensonges.” Discours du Culte Matinal de Stephen Lett tv.jw.org Février 2015

À la lumière des événements qui se sont déroulés sur plusieurs décennies et qui ont atteint leur paroxysme ces dernières années, ces déclarations de la Watchtower peuvent être considérées comme rien de moins qu'hypocrites.

En raison de la publicité négative, des risques juridiques et des ramifications financières, la Société Watchtower commence à agir contre la pédophilie. Ce n'est pas sous la direction de l'Esprit Saint que cela s'est produit, mais sous la pression de sources extérieures. L'adhésion obstinée à la tradition archaïque de la Watchtower, plutôt qu'au bon sens, a exposé les enfants à des risques inutiles.

Il est courant qu'un Témoin de Jéhovah dise que ce n'est plus un problème et qu'il a été réglé. Bien que la Société ait progressivement amélioré sa politique, elle est toujours défaillante, même deux décennies après que des personnes comme Barbara Anderson aient porté ces questions à l'attention du Collège Central. Il y a encore d'autres changements qui devraient être apportés immédiatement à la politique :

  • La règle des deux témoins ne doit plus s'appliquer aux accusations d'infractions sexuelles contre des enfants.
  • Si l'accusé nie sa culpabilité mais que la police enquête, il ne doit en aucun cas avoir des contacts non supervisés avec un enfant de la congrégation ou s'engager sans supervision dans le service de la prédication jusqu'à ce que la question soit réglée par les procédures normales des autorités civiles.
  • S'il est reconnu coupable par les autorités, l'agresseur ne doit jamais servir en tant qu'ancien, serviteur ministériel, pionnier ou s'engager seul ou avec un enfant dans une activité de prédication sur le terrain. Ce n'est pas un "droit" d'avoir un poste d'autorité ou de responsabilité, et puisqu'il n'y a pas de mal à ne pas occuper ces postes, la politique devrait éviter de nommer par excès de prudence, au nom de la sécurité des enfants.
  • Les anciens devraient prévenir tous les parents d'enfants n'ayant pas atteint l'âge de consentement de la présence d’un condamné dans la congrégation, à moins que l'identité de l'agresseur ne soit protégée par une ordonnance de suppression du nom du tribunal.
  • Toutes les accusations doivent être signalées aux autorités, qu'il s'agisse ou non d'obligations légales dans cet état ou ce pays. Les congrégations sont mal équipées pour faire face à de telles accusations, et l'organisation devrait montrer la voie en matière de protection des enfants, au lieu d'être à la traîne par rapport aux normes mondiales.

Le Collège Central a toujours été composé principalement d'hommes âgés, blancs, et sans enfants. Cela se reflète dans l'approche stricte et légaliste adoptée à l'égard des enfants victimes d’agressions et dans le souci de donner la priorité à la réputation de l'organisation. Nous ne pouvons qu'imaginer un ensemble de lignes directrices plus aimantes et plus protectrices, si elles avaient été établies par des parents.

Face à tout cela, les Témoins de Jéhovah doivent se demander : "Si Jéhovah était derrière la Société Watchtower, aurait-il permis que de telles atrocités continuent si longtemps au sein de l'organisation, qui prétend être un paradis spirituel, jusqu'à ce qu'elles soient portées à l'attention du monde par les médias ?"

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Lectures complémentaires

Je recommande la lecture de l'article Les Témoins de Jéhovah utilisent le 1er amendement pour cacher les allégations d'abus sexuels sur enfants de Trey Bundy, publié en février 2015. Il fournit un excellent résumé de ce qui a été découvert au sujet de la politique de la Watchtower envers les pédophiles et pourquoi les tribunaux ont été si sévères envers elle dans leurs jugements.

Le Youtubeur TheraminTrees a réalisé une vidéo bien structurée sur la façon dont les dirigeants de la Watchtower ont réussi à convaincre les membres que leur intention était dans l'intérêt supérieur des enfants tout en ayant une politique qui a été si destructive.

La vidéo suivante, qui date de 2016, traite de la tentative de Barbara Anderson de mettre en lumière les enjeux de la politique de la Watchtower en matière de violence faite aux enfants, ainsi que les conclusions actuelles des tribunaux.

Le documentaire australien de 2004 sur les abus sexuels sur enfants au sein de la Société Watchtower est éclairant.


Notes de bas de page :

1 wcbstv.com

2Barbara Anderson a été assistante de recherche au service de rédaction de la Watchtower dans les années 1990 et a fortement encouragé le Collège central à modifier les politiques, mais sans grand succès. Elle est finalement partie par frustration avec son mari. Son histoire se trouve dans la section Experiences. Des informations détaillées sont disponibles sur le site watchtowerdocuments.com (au 5 janvier 2008). Son CD Secrets of Pedophilia in an American Religion Jehovah's Witnesses in Crisis (Secrets de Pédophilie dans la Religion Américaine des Témoins de Jéhovah en Crise) contient plus de 5 000 pages de discussions et de transcriptions judiciaires de l'accord extrajudiciaire conclu par la Société Watchtower en 2007.

3 jwmedia.org/newsroom/index.htm?content=/vnr/2122827332/717263.pdf (26 Mai 2007 - supprimé en Janvier 2008)

Liens recommandés

silentlambs.com

reclaimedvoices.org

watchtowerdocuments.com

jwsurvey.org - Lettre aux Anciens Oct 2012

L'image suivante est un lien vers le livre de 188 pages Jehovah's Witnesses and Child Sex Abuse (Les Témoins de Jéhovah et les abus sexuels sur les enfants) afin d'aider ceux qui luttent pour la justice pour les victimes d'abus sexuels dans la religion des Témoins de Jéhovah à mieux préparer leur cas et à mieux comprendre ces victimes.

Article original écrit en 2008. Dernière mise à jour en Mars 2019. Article traduit en français en Avril 2019.

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